Le prestataire de services de véhicules finis letton Fracht SIA a présenté son système de contrôle de logistique automobile (ALCS /Automotive Logistics Control System) en 2014 pour faciliter la distribution de voitures pour les marques du groupe Volkswagen, General Motors et plusieurs sociétés de véhicules commerciaux. Fracht a investi jusqu’à présent 3 millions d’euros (3,6 millions de dollars) dans le logiciel de gestion du transport et désormais traite tout à partir des achats, de la planification du transports et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, jusqu’aux services de données des itinéraires, au contrôle qualité, aux performances KPI et à la comptabilité financière.
Le logiciel web, supporté par des applications du cloud, est conçu pour mieux gérer le flux d’informations en temps réel en établissant une plateforme partagée pour les constructeurs automobiles, les fournisseurs de transport et autres principaux prestataires de services du secteur sortant.
« Le système est une sorte de combinaison entre ERP II et un réseau social professionnel, où les utilisateurs peuvent partager leurs données avec des partenaires spécifiques », explique Renatas Slenderis (photo), fondateur et membre du conseil d’administration de Fracht SIA.
Enterprise Resource Planning (ERP / Planification des ressources d’entreprise) est un logiciel de gestion des processus opérationnels qui regroupe des applications intégrées pour gérer l’activité et automatiser les fonctions de bureau. ERP II avait l’avantage supplémentaire d’ajouter la gestion de la relation client et des ressources humaines.
Slenderis poursuit : « Il existe une combinaison des caractéristiques de l’ERP II classique, avec ses règles commerciales strictes, ses formulaires de saisie de données complexes, un accès restreint aux données et, d’autre part, l’expérience des applications web modernes et des réseaux sociaux, où les utilisateurs peuvent partager des informations avec leurs partenaires de manière simple et pratique. »
Optimisé, automatisé, efficace
Fracht affirme que plus de 80% de ses processus opérationnels ont été optimisés et automatisés avec ALCS, avec des gains d’efficacité impressionnants.
« Notre temps de réaction entre la commande et l’exécution a été réduit jusqu’à 20 fois », explique Slenderis. « Fracht a augmenté le transport de véhicules de 6 700 unités en 2010 à 70 000 en 2016 [et] le chiffre d’affaires a été multiplié par sept sans augmenter le nombre d’employés. De plus, nous pouvons encore augmenter le transport annuel de véhicules à 300 000 grâce à la gestion de deux répartiteurs. »
Depuis son lancement, plus de 180 000 véhicules neufs et d’occasion ont été transportés en utilisant le logiciel par Fracht et sa filiale lituanienne Fracht UAB (la répartition a été d’environ 65 % de véhicules neufs et de 35 % de véhicules d’occasion).
« Les petites et moyennes sociétés de transport, dont Vytaro Transportas, Autoriba et Autofastas, pour n’en citer que trois, coopèrent avec nous via ALCS », explique Slenderis. « Environ 265 sociétés de transport utilisent régulièrement ALCS même si notre réseau comprend au total de 1 289 sociétés de transport et plus de 5 000 transporteurs automobiles. »
De plus, de grands prestataires de transport européens comme Frikus, Hödlmayer, STS et Wega-A l’utilisent dans une capacité limitée comme module d’échange pour acheter ponctuellement des chargements, trouver des commandes ou obtenir des informations sur un chargement et un déchargement.
Ces prestataires de transport de véhicules finis, grands et petits, utilisent le système ALCS à travers toute l’Europe et la société regarde plus loin pour des applications mondiales. Selon Slenderis, le système accepte dix langues, y compris le chinois, le russe et l’espagnol, de sorte que ALCS peut être installé dans un certain nombre de régions du monde.
Des obstacles surmontés
En développant le système, Fracht a fait face à certains problèmes connus rencontrés par ceux qui recherchent un processus logistique sortant plus efficace. Fondamentalement, la création d’une plateforme partagée ou d’une chaîne d’approvisionnement connectée au service de toutes les parties signifie un accès ouvert d’un côté et maintient d’un autre côté une intégration sécurisée entre les équipementiers et les prestataires logistique et transport. Fracht a également dû penser à garder ALCS suffisamment convivial pour les utilisateurs afin que la formation au système puisse être réduite au minimum.
Équilibrer les fonctions ERP avec la technologie d’un réseau social a signifié que la convivialité allait avec la sécurité des données.
La société a également apporté des modifications au système au cours de son développement. Par exemple, lors de l’essai des applications GSM (mobiles) du système conçues à l’origine, la société a rencontré une certaine résistance de la part des chauffeurs qui ne souhaitaient pas utiliser les applications pour smartphone. La plupart des chauffeurs avaient plus de 50 ans et ne savaient pas utiliser les applications d’un smartphone dans leur travail. Deuxièmement, des conditions de travail souvent difficiles signifiaient que l’utilisation d’un smartphone était peu pratique. Fracht a résolu le problème en simplifiant le processus de communication entre ALCS et le chauffeur en utilisant des codes SMS.
Économies d’émissions
Un autre problème à surmonter dans la distribution des véhicules finis est le nombre de kilomètres à vide généralement parcourus au retour, lorsque les transporteurs n’ont pas de fret, ce qui une source d’inefficacité. Fracht affirme que l’utilisation de ALCS pourrait aider à réduire ces kilomètres à vide et les émissions de carbone. Associer les chargements et combiner les flux sont la seule façon de procéder, selon Fracht. C’est la raison, selon Slenderis, pour laquelle PSA a créé à l’origine Gefco et Renault Groupe Cat. Mais même avec des services dédiés, les résultats seront moins bons si les processus sont coordonnés avec des méthodes manuelles obsolètes plutôt que d’être automatisés numériquement.
« Notre système peut changer cette forme de coopération et fournir une solution aux fabricants et aux fournisseurs basée la numérisation, la gestion en temps réel des flux et de la flotte », affirme Slenderis. « Cela signifie que le système est capable de combiner les flux de différents constructeurs automobiles et de fournir un routage optimal, en gérant automatiquement les prestataires de services de flotte. La numérisation des activités ouvre la voie à une solution optimale. »
L’utilisation d’un système automatisé de gestion du transport présente d’autres avantages. Par exemple, lorsqu’un chauffeur informe ALCS qu’il décharge le dernier véhicule, le système envoie automatiquement des instructions de chargement pour le prochain voyage. Un autre exemple c’est lorsque les informations sont envoyées au parking usine de véhicules qui indique le moment où le transporteur se trouve à proximité.
Implication des équipementiers
Ce que Fracht recherche maintenant pour exploiter pleinement le système est une plus grande intégration avec les constructeurs de véhicules eux-mêmes, ce qui nécessite leur participation au système.
« Après l’intégration avec les systèmes d’information de fabrication et des parkings usines, ALCS pourra accepter les commandes de transport, planifier les voyages et envoyer des instructions de chargement aux chauffeurs, ou, à l’avenir, aux véhicules autonomes, de manière entièrement automatisée sans participation du personnel. »
L’intégration des processus est quelque chose que Fracht voit comme essentielle pour l’amélioration du secteur du transport de véhicules finis dans son ensemble et quelque chose qui le prépare à l’arrivée des véhicules autonomes.
Alors que la numérisation des processus dans le secteur des véhicules finis a démarré et s’est répandue dans de nombreux domaines (télématique, systèmes de gestion du transport, gestion de la relation client (CRM), gestion de la relation fournisseurs (SRM), e-commerce) et il n’y a toujours pas de plateforme partagée pour gérer les connexions entre les différents systèmes.
Selon Fracht, ALCS connecte la chaîne d’approvisionnement et, en connectant les différents systèmes qui l’utilisent, peut réduire les kilomètres à vide, réduire le temps de réaction, diffuser les données de localisation et traçage à travers la chaîne d’approvisionnement et réduire la communication manuelle et le gaspillage de papier. De plus, Slenderis affirme que, s’il est mis en œuvre, il standardise les processus à l’échelle mondiale, en fournissant un échange multilingue partagé pour automatiser et optimiser les processus opérationnels.
« Les clients exigent rapidité, transparence, localisation et traçabilité pour un prix le plus bas possible, et c’est là que nous proposons nos services », affirme Slenderis. « Nous pouvons dire avec certitude que, sans une plateforme partagée dans la logistique automobile, il n’y a pas d’avenir pour le transport autonome ! »